De toute éternité
Par une froide journée de février,
Je parcourais les grèves immenses que découvre la mer.
Le regard ne porte que sur du sable.
Un regard sur la montre pour savoir depuis combien de temps, j’ai quitté le monde.
Un regard dans le télé-objectif qui m’accompagne.
Non, je n’aurais de photos d’oiseaux migrateurs ce jour là.
Très loin, un tracteur revient d’un parc à huîtres.
Le vent souffle froid, très froid et perce le bonnet et les gants.
Je suis seul sur cette immensité,
Comme à l’aube du monde.
Le vent me souale.
Le soleil décline et la lumière rase le sable.
Le regard s’attarde sur les étranges dessins que laisse la marée.
Je prends une photo, deux photos, trois photos.
Un monde se dévoile dans l’infinité des courbes,
Et la lumière change le sable en bronze.
Mon appareil photo est plein d’images.
Je regarde l’heure et il est plus que temps de rentrer.
La marée va monter.
Je reviendrais souvent en ce lieu
Par le sentier qui file à travers les dunes.
Depuis, je hante les grèves à la recherche du mouvement absolu.
Hubert PERRY-GIRAUD |