Il était une fois un marronnier
Lorsque j’étais un petit garçon, un marronnier fut planté au fond du jardin. Il végéta longtemps, poussant de quelques centimètres par an entre deux gros cailloux. Puis un jour, il fut déplacé dans un coin du jardin près du puits commun. A cette époque, l’eau courante n’était pas encore arrivée et une pompe faisait office de robinet sur l’évier. Mais toutes les maisons n’avaient pas ce luxe et le puits avait de nombreuses visites. Le trop plein des seaux se déversait à coté de la margelle. Lorsqu’il ne faisait pas soleil, l’abord du puits devenait rapidement détrempé et trois pierres évitaient de marcher dans la gadoue.
Pour éviter ce marouillage à notre porte, mon grand-père fit un placis en ciment. L’eau s’écoulait dans un tuyau qui se perdait en profondeur, juste en dessous du marronnier. La fréquentation du puits alimentait en eau le marronnier et il se mit à grandir de printemps en printemps. C’est maintenant un bel arbre qui s’étale généreusement, fournit une ombre fraîche l’été et des marrons d’Inde tout rond à l’automne.
Hubert PERRY-GIRAUD |